Pendant longtemps, le Mali a été considéré comme un des pays les plus stables en Afrique, un pays de tolérance et de coexistence pacifique entre les communautés et les religions. Les domaines de la religion et de l’Etat se croisaient et se régulaient respectivement depuis les familles, les cités et les États du Soudan Occidental. L’arrivée du modèle de l’État colonial a cependant introduit une volonté de stricte séparation juridique entre les différents échelons de l’autorité publique, aujourd’hui remise en cause par une société musulmane de plus en plus active dans l’espace public.

Depuis l’avènement de la démocratie pluraliste, suite à l’insurrection urbaine, de mars 1991, la situation a progressivement évolué vers un élargissement des libertés publiques, notamment associatives, dans lequel les religieux musulmans, majoritaires à 95%, impriment leurs marques. Sur le plan politique, si le pays a connu des alternances électorales apaisées, avec de faibles taux de participation, il a aussi enregistré deux ruptures de ce processus institutionnel d’accès à la magistrature suprême, occasionnées par des coups d’État militaires, en 2012 et en 2020, impliquant la mise en place de transitions politiques.

Le coup d’État de 2012, en rompant la chaîne de commandement, a accéléré l’invasion des régions du Nord par des groupes armés autonomistes, voire indépendantistes (pour les franges les plus extrémistes), alliés à des forces djihadistes, se réclamant d’AQMI, et plus tard de l’État islamique, pour certaines d’entre elles.

Ces groupes djihadistes, qui ont pu progressivement occuper, en plus des régions du Nord, le Centre du pays (l’État n’étant présent que dans les villes), réclament l’application de la charia, qu’ils font d’ailleurs observer dans les zones rurales qu’ils contrôlent.

Malgré la présence des forces étrangères aux côtés de l’armée malienne, qui permet de maintenir une présence minimale de l’Etat dans ces zones, l’insécurité est loin d’être endiguée, les morts civiles et militaires se comptant par milliers et les déplacements forcés viennent grossir les périphéries urbaines des grandes villes.

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